Tel est le cap évoqué par le PDG de l'énergéticien lors de son audition à l'Assemblée nationale sur la relance du nucléaire.
La centrale nucléaire du Buget, dans l'Ain (illustration) ( AFP / OLIVIER CHASSIGNOLE )
EDF va devoir doper ses investissements à 25 milliards d'euros par an, un niveau "sans commune mesure" dans son histoire, a déclaré mercredi 19 juillet le PDG Luc Rémont, auditionné à l'Assemblée nationale sur le financement du nouveau parc nucléaire.
"Il nous faut passer à un niveau d'investissements de l'ordre de 25 milliards d'euros par an à l'échelle du groupe EDF dont rapidement 80% seront concentrés sur la France", a déclaré le PDG, entendu par les députés de la commission des affaires économiques.
Pour le dirigeant, ce montant est "sans commune mesure avec ce que le groupe a pu connaître dans le passé".
Il s'agit du niveau d'investissement requis selon Luc Rémont pour répondre aux nombreux défis industriels du groupe, à commencer par la construction de 6 à 14 nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2 et la prolongation de la durée de vie des 56 réacteurs actuels, construits entre 1975 et 1995, selon la feuille de route fixée par le gouvernement. A titre de comparaison en 2022, les investissements du groupe atteignaient 16,39 milliards d'euros.
L'Etat mise en effet sur une relance du nucléaire à marche forcée, en plus d'une accélération sur les renouvelables pour sortir des énergies fossiles, ce qui va se traduire par une explosion des besoins en électricité.
"Jamais dans l'histoire, le groupe EDF n'a eu à investir autant dans plusieurs domaines", a insisté Luc Rémont, dont le groupe aborde ce mur d'investissements plombé par d'immenses difficultés financières.
"Nous commençons ce chemin escarpé vers davantage d'investissements pour l'électrification avec le sac à dos un peu lourd d'une dette de 65 milliards d'euros" en 2022, a ainsi souligné le patron du groupe, renationalisé à 100% depuis le 8 juin.
Le dirigeant a de nouveau plaidé pour les contrats de long terme comme socle de son modèle économique, après l'extinction du mécanisme de l'Arenh à partir du 1er janvier 2025.
Ce mécanisme imposé par Bruxelles pour être dans les clous de la concurrence européenne oblige l'opérateur historique à vendre un certain volume d'électricité à ses concurrents fournisseurs alternatifs aux prix de 42 euros par mégawattheure (MWh), un prix qui induit "une sous-rémunération de l'entreprise", selon des propos du dirigeant à l'automne.
"Pour aborder (cette) phase d'investissements (...), il est indispensable que nous travaillions à un nouveau consensus national sur ce qu'est le prix de l'électricité (...) sans quoi évidemment, EDF ne sera pas en mesure de dégager les ressources qui sont nécessaires pour assurer sa propre continuité d'exploitation", a indiqué Luc Rémont.
Le dirigeant a en outre souligné qu'EDF ne pourrait pas assumer seul la charge des investissements attendus, alors que le coût des six premiers EPR2 est estimé par le gouvernement à 51,7 milliards d'euros.
"EDF va avoir besoin d'une forme d'aide de l'Etat pour arriver à boucler le financement de ce projet", a souligné le dirigeant. Cela pourrait consister notamment en "des garanties sur les conditions de commercialisation d'électricité" ou "des avances remboursables".
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, auditionné la semaine dernière par cette même commission, a indiqué que les modalités de financement du nouveau parc nucléaire, qui dépendent aussi de décisions à venir de l'UE, devraient être précisées d'ici à la fin 2024.
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